Deux aventuriers qui n’ont pas froid aux yeux !

Interview réalisée par Véronique RIFFAULT

Nadine et Mathieu Dhommee-Vallier sont respectivement âgés de 33 et 37 ans. Elle est fonctionnaire et lui, masseur-kinésithérapeute à Villeurbanne où ils résident. Leur devise dans la vie est : « Toujours foncer ». Et force est de constater qu’ils l’incarnent à merveille car, déficients visuels tous les deux, ils ont fait le tour du monde, en visitant quatorze pays. Durant plus d’un an, ils ont baroudé en Inde, Thaïlande, Vietnam, Japon, Australie, Nouvelle Zélande, Chili, Pérou, Bolivie, Brésil, Mexique, U.S.A. pour finir par le Portugal et l’Espagne. Avec 54 kg sur le dos à eux deux et un solide sens de l’orientation, ils  ont fait 110 heures d’avion, 6 heures de bateau, 420 heures de bus, 110 heures de train, 2600 km de marche et couché dans 88 logements différents ! Bien sûr, il y a eu quelques loupés. Compte tenu de leur vue, les courses ont parfois relevé du défi. Aussi, ont-ils confondu les pains au chocolat japonais avec des brioches au curry ou encore le vinaigre nippon avec la sauce soja ! Par ailleurs, lorsqu’ils ont perdu leur monoculaire en se rendant à l’aéroport de Hanoï, il leur a été impossible de lire les panneaux. Cependant, comme rien n’arrête ces deux globe-trotteurs, c’est au moyen de l’appareil photo de leur téléphone qu’ils se sont orientés pour, une fois parvenus à Osaka, accomplir leur première mission : dénicher une nouvelle paire de jumelles.

Mais, l’important est ailleurs. Dans ce qu’ils retirent de ce périple. Tout d’abord et bien sûr, des souvenirs inoubliables composés d’ambiances magiques, de baignades dans des eaux translucides, de rencontres leur ayant appris les rudiments de l’espagnol ou comment s’alimenter en Inde et, surtout, l’envie de repartir. Ensuite, après cette expédition, ils mesurent la situation privilégiée en matière d’accessibilité, des déficients visuels en France, comparativement au reste du monde. Et « last but not least », ils sont rentrés confortés dans leur vision de l’existence. En ayant plus confiance en eux que dans leurs yeux, c’est clair et net : ils se sont donné les moyens d’accomplir leur rêve le plus cher, si ce n’est le plus f(l)ou ! Comme quoi, quand on veut, on peut. Tout est question d’adaptation.